Pour Marc, le pédagogue, le poète, le compagnon de travail.
Mon témoignage évoque les années précédant sa carrière politique et associative, période durant laquelle il exerçait la profession d'enseignant au Centre Lambert, centre de soins pédagogiques éducatifs et thérapeutique. Nous y accueillions des adolescents intelligents ,en difficultés de caractère ,de comportement et d'échec scolaire, nécessitant une exclusion du circuit scolaire classique.
Marc y enseignait le français et un soutien scolaire global concernant toutes les matières.
Avec ses collègues, il accompagnait ces jeunes de façon non académique en faisant preuve de créativité, afin de les amener à nouveau vers le goût du savoir et de la curiosité intellectuelle.
Cette fine équipe d'enseignants-Mano, Bernard, François ,Gérard, pour ne citer qu'eux- allait même jusqu'à se réunir en dehors de leurs heures de travail pour élaborer une pédagogie institutionnelle s'inscrivant dans le dispositif thérapeutique de notre institution.
Emue et admirative devant cet enthousiasme, je venais déposer de bonne heure des tartes maison et un thé afin de les encourager...
Marc a ensuite occupé naturellement le poste de responsable pédagogique avant d'entamer une seconde carrière hors de Lambert, d'engagement associatif et politique.
Marc faisait aussi partie du personnel qui accompagnait une vingtaine d'adolescents durant les transferts d'été au cours de randonnées à cheval au coeur de la nature dont il était si proche.
Je me rappelle d'une soirée au coeur de la Montagne Noire où nous avons dégusté des coulemelles grillées sur un feu de bois improvisé devant les yeux de nos collègues méfiants, sous un ciel étoilé, suivi d'un récital Bobby Lapointe dont il nous abreuvait jusqu'à plus soif...
Une autre image désopilante me vient à l'esprit, celle du jour où, lui, le grand échalas à l'allure de Don Quichote, a surgi dans le manège au grand galop sur un poney, parodiant Sancho Panza, dont les pieds traînaient sur le sol...sous nos regards dont les yeux pleuraient de rire...
Sur le plateau du Larzac ou à travers le parc des Cévennes où nous bivouaquions, il m'avait fait découvrir cette si jolie et délicate petite fleur violette que l'on voit apparaître en ce moment et dont il m'a appris le nom: l'oeillet sauvage ou fleur des poètes; chaque année, elle m'évoque ces précieux moments partagés.
Pour moi, elle est devenue SA fleur, qui me rappellera à son souvenir, désormais...
Nous avions le même âge...73 ans cette année.
À notre Don Quichotte, à notre doux poète, à notre compagnon dont j'ai été si heureuse de croiser la route et dont je tiens à souligner l'élégance dans son rapport au monde et aux êtres, je dédie ces quelques pensées...
Bon voyage, Marc, si tu croises des moulins à vent, fais-moi signe...
De tout coeur.
Betty Rodriguez, le 11 mai 2022.